Tout d'abord, il faut s'affranchir peut-être d'une bonne définition :
Les onomatopées : suites de sons répétés que l'on retrouve dans les guides d'identification (ex : tchip-tchip-tchip)
Les mimologismes : imitation "artistique" du chant des oiseaux à l'aide de petites phrases.
Voici quelques exemples répandus dans l'ouest de la France :(Source: Philippe LEVE (85))
La Caille des blés : "paye tes dettes !, paye tes dettes !..."
La Caille dit également aux fumeurs : "Pas d'tabac ! Pas d'tabac !..." ou au bucheron "Tane ta scie ! Tane ta scie !..." (Aiguise ta scie...)
Vous entendrez également le Pigeon ramier dire : "Paye la goutte... tonton ! Paye la goutte...tonton !"
ou encore le Pigeon mâle dit :
"Orrrtense...coues-tu ? Orrrtense...coues-tu ?" (Ortense couves-tu ?) et la femelle répond :" i coue, icoue !" (je couve)
Plus coquin, la Tourterelle mâle dit :"Veux-tu que j'te trrrrrrousse ? Veux-tu que j'te trrrrrrousse ?"
Et celle-ci de répondre :"Trrrrrrousse ! Trrrrrrousse !"
Vous entendrez peut-être, certaines nuits, la Chouette hulotte nous dire : "J'couche dehoooooors !"
Voici quelques mimologismes simples. Mais pour certains oiseaux, au chant plus complexe, les paroles racontent une petite histoire ...
En Vendée, le Rossignol philomèle raconte une histoire à la morale douteuse: "i'avèt' ine fame, i l'é batu-tu-tu-tu-tu-tu-tu-tu, i l'é fét mouri mouri mouri mouri mouri mouri, si i'en ét'ine oute i la batrè pu-pu-pu-pu, rin q'in p'tit, rin q'in p'tit, rin q'in p'tit-ti-ti-ti-ti-ti" (j'avais une femme je l'ai battu, je l'ai fait mourir, si j'en ai une autre, je ne la battrai plus, juste un tout petit peu)
ou encore : "i'ait' ine palle dans le tchuuu ! tire tire tire tire tire tire... supe supe supe supe supe"
(J'ai une paille dans le cul, tire tire tire tire... suce, suce, suce suce...
Mais pour certaines de ces chansons, c'est aussi le comportement de l'oiseau qui nous est expliqué.
Par exemple, devant le vol étrange de l'Alouette qui prend de l'altitude en chantant à tue-tête, avant de se laisser tomber comme une pierre, les anciens expliquaient ceci en partant du sol, et en mimant le vol de l'Alouette avec la main :
"O n'a l'Bon-Diu qui m'tire au cius, o n'a l'Bon-Diu qui m'tire au cius..." (Il y a le Bon-Dieu qui me m'attire aux cieux)
Dans le ciel, elle fait une promesse :
"P'tit Jésus j'jurè pu, p'tit Jésus j'jurè pu..." (Petit Jésus, je ne dirait plus de gros mots)
Une promesse qu "elle ne pourra jamais tenir. Elle dit en descendant :
"É marde marde marde marde marde" (Et merde,merde, merde...)
Puis recommence...
Le Merle noir nous raconte son passage de l'hiver :
"I'é passé mon iver bé pouvremant, bé malurusement, qué anbure mé me voila réssucité diu mèrci, qué vi, qué vi, qué vi" (J'ai passé mon hiver bien pauvrement, bien malheureusement, quel malheur, mais me voilà ressuscité, dieu merci, Quelle vie, quelle vie, quelle vie)
Et, avec quelle poésie, les hirondelles revenant de migration, ont pour premier souci de demander des nouvelles des gens du village : "sont-i toujour vivants les vius é lès vièlles d'ici ? sont-i toujour vivants les vius é legrave;s vièlles d'ici ? " (Sont-ils toujours vivants les vieux et les vieilles d'ici ?)
Mais certains de ces mimologismes paraissent surprenants. Et ceci parce que nous possédons seulement le texte du chant de l'oiseau sans en avoir l'explication. En effet, de nombreux mimologismes suivaient un conte ou une légende. Par exemple, le Pic vert .
Nous entendons souvent les anciens dire : "té o n'a le picata qui chante, o l'é signe d'aïve" (Tiens il y a le Pic vert qui chante, c'est signe d'eau)
Jean Loïc LEQUELLEC, ethnologue Vendéen, s'est penché sur ce thème et a commencé à trouver des mimologismes du Pic : "i piu, i piu, i piu, i piu..." (il pleut, il pleut, il pleut...) ou encore "laque, laque, laque, laque..." (bois, bois, bois, bois...)...
D'autres exemples attrapés ici et là :
Grive musicienne: "qui suis-je, qui suis-je, qui suis-je .... où vais-je, où vais-je, où vais-je ... etc.". Oiseau philosophe.
Roitelet huppé: "tout petit, tout petit, je suis". Oiseau réaliste. (Sources: guides avésiens)
Un autre : "Je suis, je suis la bouscarle de Cetti"
Pinson des arbres :"seme, seme, seme, tu gagneras bien ta petite vie" (source :?)
Bouscarle de cetti : "tiens, tiens, t'auras du boudin, t'auras du boudin" (source : Philippe Caruette, Marquenterre)
et enfin le Coucou : "coucou, coucou, coucou, ..." (source : Coucou)
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